Xénophon D’Athènes,
fils de Grillus, fut successeur de Thucydide dans
l’ordre chronologique (445 avant J.C.). Philosophe militaire, homme d’état
comme son devancier, il en retint ces trois caractères que le caractère
philosophique, il est tout entier le disciple de Socrate. On aperçoit à chaque page les sentiments
religieux dont son âme était pénétrée, les principes de justice et de morale
qu’il avait puisé dans l’école de son maître, et toutes les vertus ont il était
orné. Les leçons d’Isocrate lui donnèrent cette éloquence douce te fleurie,
cette diction élégante et claire, ce parfum de grâce et de pureté qui l’a fait
surnommer à juste titre l’Abeille Attique. Exilé de sa patrie sous prétexte de
son dévouement au parti Dorien, Xénophon passa le reste de ses jours à Scillonte dans les
terres qu’il avait reçues des Lacédémoniens. C’est là qu’il composa tous ses
ouvrages de philosophie de politique et d’histoire. Nous ne parlerons que de
ces derniers.
Xénophon diffère
surtout d’Hérodote et de Thucydide par la manière dont ils envisagent chacun
les objets. Hérodote, comme les poètes dramatiques, voit partout une divinité
jalouse qui atteint les hommes et le empires au point de leur élévation pour
les précipiter dans l’abime. Thucydide ne découvre dans les revers que les fautes
des chefs, de l’administration ou de l’armée. Xénophon attribue presque
toujours à la faveur ou à la colère des Dieux les bons ou mauvais succès. Ainsi
tout dans la monde défend la fatalité selon le premier ; de la prudence,
suivant le second ; de la piété envers les dieux suivant le troisième.
C’est un des plus beaux points de vue de l’historien ; et nous ne
balançons point à donner la préférence aux sentiments religieux sur le
fatalisme ou l’habileté.
Xénophon, sous
le titre d’Helléniques (ελληνιχα) a continué en 7 livre l’histoire de
Thucydide jusqu’à la bataille de Mantinée (Vile d’Arcadie, aujourd’hui Tripolitza capitale de a Morée). C’est un travail entrepris
dans un âge très avancé, on y trouve plusieurs lacunes et des passages
falsifiés. Le récit de la bataille de Leuctres (sur les cartes de la Béotie,
aujourd’hui Parapogia) n’est pas suffisamment
développée ; on sent que ce n’est qu’à regrets que notre auteur rapporte
la victoire d’Epaminondas sur sa patrie adoptive.
L’expédition de
Cyrus le jeune contre son frère Artaxerxés et la retraite des dix mille Grecs
en 7 livres sont un des plus précieux et des plus anciens
manumeus de l’art militaire. Témoin et
principal acteur dans cette immortelle retraite, Xénophon la raconte avec
autant de modestie que d’intérêt. On y admire surtout le beau passage où les
Grecs poursuivis par de armées innombrables de barbares aperçoivent enfin les
rives du Pont-Euxin, terme de leur périlleux voyage et s’écrient avec
enthousiasme « Φαλλαττα, Φαλλαττα, »..
La Cyropédie l’éducation de Cyrus le grand, cet ouvrage en 8 livres est moins une
histoire qu’un roman politique, dans lequel sous le nom de Cyrus, Xénophon
propose le modèle d’une éducation vraiment spartiate et trace le tableau d’un
prince juste. On a justement comparé la Cyropédie au
Télémaque. Cependant il ne faudrait pas croire que tout est l’œuvre de
l’imagination si tous les détails que donne Xénophon ne sont plus exacts, le
soin lui-même, c'est-à-dire cette instruction soignée qu’on donnait aux jeunes
gens d’une caste privilégiée, celle des guerriers, ce soin, dis je, est reconnu maintenant pour vrai par la critique.
L’éloge
d’Agésilas est le 4ème ouvrage historique de Xénophon. Il avait
suivi ce prince dans son expédition d’Asie ; il se trouva à la bataille de
Chéronée (dans la Boétie, aujourd’hui Caprena) où
son royal ami défit les conférés (393 avant J.C.) et c’est ce qui
causa son bannissement. Cicéron dit dans sa fameuse lettre à Luccéius que l’éloge d’Agésilas surpasse toutes les statues
qu’on a dressées à ce prince.