Quintilien,
Espagnol comme Sénèque, l’emporta beaucoup sur lui. Né à Callagurris,
ville de Tarraconaise, l’an 42 de J.C., il fut conduit à Rome sous Néron, par
son père qui professait la rhétorique. Il ouvrit une école sous Vespasien, et fut le premier rhéteur salarié de la caisse
impériale ; ses émoluments se montaient à 800.000 sesterces (près de 20.000f). On ignore
l’époque de sa mort qui fut toutefois postérieure à l’année 118 de J.C. Il
existe sous son nom 19 grandes et 45 petites déclamations ; mais elles
sont évidemment d’un siècle postérieur au lieu, et probablement de plusieurs
auteurs.
L’ouvrage qui a
rendu immortel le nom de Quintilien, ce sont les Institutions Oratoires (de institutione oratôria). Elles ont divisées en 12 livres. Elles ne
renferment pas seulement un traité complet de rhétorique, mais encore un plan
d’étude pour un orateur depuis les premiers éléments de la grammaire, et même
un traité d’éducation pour les années de l’enfance comme pour celle de la jeunesse. Quintilien
a déposé dans cet ouvrage e fruit d’une longue expérience, de profondes
méditations et d’une lecture variée. Ce traité est préférable pour la théorie
de tout ce que Cicéron nous a laissé ; il va plus loin que ce grand
orateur, il ajoute à son travail tout ce qu’une longue pratique avait pu lui
apprendre. Son style, qu’il avait formé sur celui e Cicéron est d’une élégance
et d’une pureté qui le placerait à coté des écrivains du siècle d’Auguste, si
des expressions obscures et recherchées ne décalaient pas quelques fois
l’historien du siècle suivant.
C’est ici le
lieu de parler du « Dialogue des Orateurs » qui tour à tour a été
attribué à Tacite, à Qintilien et à Pline le jeune.
Après avoir été
établi le lieu de la scène ; à l’exemple de Cicéron, l’auteur suppose
qu’il s’engagea une lutte entre un poète nommé Maternus,
et un orateur nommé Aper. L’un élève l’éloquence au
dessus de la poésie, l’autre donne à la poésie la palme de l’éloquence. Arrive
un 3ème interlocuteur nommé Messala, qui change le sujet de
discussion et propose de chercher les causes de la corruption de l’élégance. Aper plaide en faveur de l’éloquence de son temps ;
Messala et Maternus soutiennent la cause de
l’antiquité. Ce plan est agréable, mais il est vicieux ; il y a évidemment
deux sujets, et le premier qui n’et point le sujet principal, occupe beaucoup
trop de place. Du reste, l’ouvrage est plein de ce bon goût que les anciens
désignaient par le mot Urbanitas. Les caractères sont
parfaitement soutenus. Il y a toujours quelque chose de poétique dans les
discours de Maternus, de hardi et de vif dans ceux d’Aper, de raisonnable et d’antique dans ceux de Messala.