Anacréon naquit
à Téos, en Ionie, vers l’an 532 avant J.C. Polycrate, tyran de Samos, l’appela
à sa cour. Anacréon fut son confident et le compagnon de plaisir. Hipparque,
fils de Pisistrate, voulant aussi posséder un homme qui avait une telle
réputation de bel esprit, lui envoya un vaisseau pour le faire revenir à
Athènes.
Il nous reste
Un assez grand
nombre de ses odes, qui sont très courtes. Elles expriment le plus souvent un
sentiment gracieux, une idée douce, un compliment tourné en allégorie, des
images simples, naïves, riantes. Ses poésies, écrites avec une délicatesse et
une facilité de génie tout à fait entrainante, sont encore les délices de ceux
qui les lisent. Lafontaine, notre inimitable fabuliste, dans ce qu’il a traduit
du poète Ionien, a égalé l’original, qui, dans le genre qu’il a suivi, n’a rien
de comparable dans toute l’antiquité.
On prétend qu’Anacréon
mourut très vieux, étranglé par un pépin de raisin qui lui resta dans le
gosier. Lebrun, poète lyrique de nos jours, composa les vers suivants sur le
chantre de Téos :
Le vieillard qui charma la Grèce, Cet Anacréon si vanté, Dans la coupe de l’allégresse Sut boire l’immortalité ; Jeune de verve et de pensée Sa vieillesse fut caressée, Par les grâces et les amours ; Son hiver eut des fleurs écloses, Son front secouronne de roses, Et ces rosesvivent toujours.
Mr de Saint-Victor nous a donné une traduction en vers qui reproduisait l’harmonie et le baume abondant de l’original.